Attention : Cet article est un roman, posez un jour de congés avant lecture.
Geo : "Comment je pue le vieux cramouze désséché!!"
Bon résumé de la situation. Sommes partis avec Robin des bois, deux trois affaires et nos sacs de couchage pour une rando dans la Sierra Nevada. Partis un peu tard dans la journée avec des renseignements peu précis (espagnols, quoi...) nous nous retrouvons sur la route à 17h, avec approximativement 3h de marche jusqu'au refuge où nous voulons passer la nuit.
Intution soudaine, la route est plus longue que prévu, on fait du stop? Une, deux, trois voitures... Une voiture de police! Robin "Hm... I think that's not a good idea..." Trop tard, j'avais déjà levé le pouce, le 4x4 s'arrête, ils nous font de la place à l'arrière, nous emmènent jusqu'au GR, nous donnent une carte et on se quitte même dans de grands élans amicaux. "Sooo guys... It was not a good idea?!" Moi qui avais une mauvaise image du stop en Espagne!
En effet, la route était longue, et à l'entrée du GR, on nous assure encore qu'il nous reste 3 à 4h de marche... Courage! On a pas trois heures devant nous avant la nuit, ne trainons pas les enfants! Schiste, chataigniers, torrent turquoise qui file entre les arbres jaunis par l'automne, on se croirait dans les Cévennes! Mais un peu plus loin derrière, les montagnes sont déjà couvertes de neige...
18h. La température baisse sévère. On traverse tout juste la rivière, début de l'ascencion. Et attention c'est pas de la gnognotte! Ca grimpe sévère, de quoi largement éliminer le plat d'huile du resto de ce midi (Eh ouais resto de montagne oblige...). Pause photo. Pause clope. Pause petit prince. Heu... Fait presque nuit là non? Robin commence à parler de s'arrêter là, au milieu des sapins et des vaches sauvages, faire un feu, et dormir. D'où il a cru que j'allais dormir en pleine fôret celui-ci?! Wooow je suis pas scout moi hein! Alors du nerfs, on grimpe! La nuit finit par tomber, on se retrouve dans le noir total, avec nos deux petites lampes frontales, sur la crête.
"Il est où le refuge? On est en haut là? On l'a pas loupé quand même? Et si on le loupe? Ah il est là! Ah nan c'est un arbre. Ah y'a de la lumière là! Y'a quelqu'un? Ah nan c'est des yeux de biche. J'ai froid. Moi j'ai chaud. Olalala je crois qu'on le trouvera jamais. Mais si allé on marche."
On reprend notre petit sentier, on ne voit plus que nos pieds, et les étoiles bien au-dessus, elles doivent bien se marrer, à nous voir comme ca. C'est drôlement casse gueule, un seul faux pas et on rentre en France en boîte de conserve. On est à quoi, 1600m? 2000? Et puis Robin recommence à siffloter, finalement on est bien là, tous les trois. On rêvasse tranquillement. Je fais ma maligne, j'ai même pas peur du noir, tu parles, un petit grognement de rien du tout et je me retrouve suspendue aux bras des garcons, toute tremblotante. Un sanglier? On y voit rien. Y'a quoi en Espagne? Des lynx. Des loups. Des ours? Des yétis? Ah non, c'était une vache. Un petit troupeau qui somnole à côté, on les a réveillées. Mais aaaah nous aussi, on se réveille! Au bout du chemin, une petite barrière, et derrière la petite barrière, une petite maison! "Wahouuu le refuge! On y est! On a réussi! Je le savais qu'on dormirait pas dehors! But... it smells so bad...no? I guess it's not the refuge... it's for cows...? Oh no, there's a bed!! Oh yes? You're sure? Let's see..."
C'était bien le refuge. Spartiate. 4 murs, un toit, mais plus habitable qu'un sapin. Un petit feu, qui finit par transformer l'habitacle en fumoir, on s'endort (pas) emmitouflés jusqu'aux yeux à moitié asphyxiés, avec la trouille de faire cramer toute la montagne. A notre réveil la météo a menti, il pleut des cordes. Pas de bol. Pas de vue, brouillard, brouillard, brouillard. Juste des vaches. (Et des BOUSES de vache, oui oui, très bon pour le cuir des chaussures apparement!).
Retour à la cool, le soleil finit par revenir et on se sent un peu des aventuriers forestiers, des cramouses aguéris, revenant du lointain...... Enfait nan. Au matin le GR c'est transformé en autoroute à familles pleurnicheuses et pique-niqueuses. On a bien choisi notre jour, la rando nocturne a son charme! Et la douche du retour... aussi !